samedi 26 juin 2021

L'année de grâce de Kim Liggett

L'année de grâce, de Kim Liggett
« Personne ne parle de l’année de grâce. C’est interdit.
Nous aurions soi-disant le pouvoir d’attirer les hommes et de rendre les épouses folles de jalousie. Notre peau dégagerait l’essence pure de la jeune fille, de la femme en
devenir. C’est pourquoi nous sommes bannies l’année de nos seize ans : notre magie doit se dissiper dans la nature afin que nous puissions réintégrer la communauté.
Pourtant, je ne me sens pas magique.
Ni puissante. »

Un an d’exil en forêt.
Un an d’épreuves.
On ne revient pas indemne de l’année de grâce.
Si on en revient.
  • Auteur : Kim Liggett     |     Editeur : Casterman
  • Genre : Dystopie/Young adult     |    Langue : Français
  • Date de parution : 07/10/2020     |     Nombre de pages : 442

Ce roman, j’en ai entendu beaucoup de bien, et j’étais très curieuse de le lire. Malheureusement, je n’ai pas été totalement convaincue.

 

Dans le village de notre héroïne, Tierney, toutes les filles de 16 ans sont envoyées pendant 1 ans dans la forêt pour y perdre leur magie qui pervertirait les hommes. Elles vivent recluses pendant une année, en proie aux privations, à la folie mais également aux braconniers qui n’hésitent pas à les tuer s’ils les capturent.

Cette année de grâce est obligatoire et entame leur vie adulte. Quand elles reviennent purifiées, elles se marient ou choisissent leur travail si aucun garçon ne les a demandés en mariage.

 

Le livre se lit vite, l’histoire est prenante, mais je m’attendais clairement à plus de frissons. Rien ne m’a vraiment fait peur, j’étais plutôt habitée par de la curiosité.

Alors oui, la nature dans laquelle elles sont lâchées est hostile, de même que leur village d’origine. Leur mode de vie est tout aussi glauque que l’endroit où elles sont envoyées. Mais ce n’est pas si flippant que j’aurai cru.

Le récit manque d’action à mon goût, et il y a beaucoup de longueurs dans un texte pourtant comparé à Hunger Games. Si j’ai accroché aux premiers instants des filles au camp, j’ai vite vu le soufflé retomber.

 

L’histoire est porteuse de thématiques fortes : la place des femmes vis-à-vis des hommes dans une société incroyablement misogyne, l’influence féminine assimilée à de la sorcellerie, des messages aisés à saisir et qui sont pour moi le point fort du roman.

C’est clairement un roman dystopique féministe, qui nous montre que survivre, voire juste vivre est une chose qui demande beaucoup de courage, que les femmes sont, presque dès leur naissance, comme conditionnées pour être des rivales face à l’amour. Mais cette histoire nous montre aussi comment les femmes peuvent être violentes et méchantes entre elles, sans raison valable.

 

Tierney est une héroïne lucide qui ne croit pas à ces histoires de magie. Elle veut qu’elle et ses camarades survivent, surtout qu’elle sait ce que deviennent les victimes des braconniers, et les familles des filles qui ne reviennent pas. Tierney veut vivre libre, sans contraintes ni attaches.

 

Je ne m’attendais pas à développement et à une fin de ce genre, autant la mort qui touche de près Tierney que ce qui suit le retour des demoiselles. J’entends par là que, vu le discours de Tierney prônant la liberté de choix, j’imaginais donc autre chose pour sa vie future.

De plus, je n’ai pas eu l’impression que les choses aient changé entre le début du roman et la fin. Tierney revient de son année de grâce, et reprend là où elle en était ou presque, l’année de grâce existe toujours, bref, rien ne bouge, les jeunes femmes que l’on a suivies entrent juste dans la boucle bien huilée de leur village et laissent la place à la « fournée » suivante.

 

Et puis il y a la romance… Parce que oui, il y a une histoire d’amour dans ce roman, ce que j’ai trouvé plutôt superflu d’ailleurs. Ryker ne vit pas dans la ville de Tierney mais à l’extérieur, et ils n’avaient pas de raison de se rencontrer. Je n’ai pas été spécialement convaincue par leur histoire, d’autant que le passage d’ennemis (de proie et chasseurs) à amoureux est vraiment vague. Je n’ai pas été vraiment été charmée par leur relation, et je n’en ai pas spécialement vu l’intérêt.

J’aurai préféré en apprendre plus sur l’origine de cette année de grâce en fait, savoir pourquoi et comment elle a été créé.

 

 En conclusion, je suis ressorti de cette lecture plutôt mitigée. Si j’ai aimé le fond du récit et les messages qu’il porte, j’ai moins accroché à la forme. Certaines choses m’ont manqué.
Cela étant, je ne peux nier que ce roman mérite quand même d’être lu, surtout parce qu’il fait réfléchir sur la condition féminine, une chose vraiment importante.


Karine N.

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