dimanche 19 avril 2020

Feuillets de cuivre de Fabien Clavel

Feuillets de cuivre, de Fabien Clavel
Paris, 1872. On retrouve dans une ruelle sombre le cadavre atrocement mutilé d'une prostituée, premier d'une longue série de meurtres aux résonances ésotériques. Enquêteur atypique, à l'âme mutilée par son passé et au corps d'obèse, l'inspecteur Ragon n'a pour seule arme contre ces crimes que sa sagacité et sa gargantuesque culture littéraire. À la croisée des feuilletons du XIXe et des séries télévisées modernes, Feuillets de cuivre nous entraîne dans des Mystères de Paris steampunk où le mal le dispute au pervers, avec parfois l'éclaircie d'un esprit bienveillant... vite terni. Si une bibliothèque est une âme de cuir et de papier, Feuillets de cuivre est sans aucun doute une œuvre d'encre et de sang.
  • Auteur : Fabien Clavel     |     Editeur : actuSF
  • Genre : Science-Fiction     |    Langue : Français
  • Date de parution : 05/     |     Nombre de pages : 329
Clairement, c’est pour l’objet livre que j’ai craqué pour cette édition hardback de Feuillets de cuivre (et j’ai bien fait parce que la version poche sortie plus tard me plait nettement moins).
Donc, je n’avais lu ni résumé, ni avis quelconque sur le net. Je me suis lancé dans l’inconnu en attaquant ce roman, et j’en ressors plutôt satisfaite.

Soyez prévenus, ce n’est pas un roman ultra linéaire. Alors oui, on suit le même inspecteur de police, Ragon, mais chaque enquête se passe à des années différentes, parfois avec une très grande ellipse entre les deux.
C’est le principe de ce livre : on est face à des feuillets, des nouvelles, sortes de feuilletons policiers avec chacun (ou presque) un début et une fin nette. En gros, pour faire simple, c’est un recueil de nouvelles policière durant la carrière de Ragon.
J’ai bien aimé le concept de nouvelles, tel un carnet dans lequel on lirait les diverses enquêtes étranges de Ragon. Cependant, elles sont assez courtes et du coup elles sont vite élucidées. Certaines auraient pu gagner à être plus détaillées, notamment lorsqu’on arrive aux nouvelles avec un personnage récurrent.


Tout cela se passe à Paris, de 1872 à 1912, mais un Paris steampunk où d’étranges machines font leur apparition et où la magie est une pratique de l’ombre. Le steampunk n’est pas clairement mis en place, c’est plus suggéré, donc si vous n’êtes pas des grands fans du genre ça ne devrait pas trop vous déranger ici.
Si Ragon a conscience de l’existence du « paranormal », ce n’est pas le cas de tous, et il est obligé de ruser ou de mentir pour conclure certaines enquêtes sans que cet aspect ésotérique ne soit pas dévoilé à tout le monde. Son supérieur, par exemple, refuse d’entendre parler de tout ça, bien qu’il soit au courant.
On ressent donc bien la frustration de Ragon lorsqu’il ne peut conclure l’enquête de façon claire, ou qu’il ne peut pas arrêter le coupable sans révéler le mobile ésotérique.

Ce qui fait le charme de ce livre, c’est l’ambiance. On est parfaitement dans une atmosphère glauque, sombre, sanglante, limite brumeuse aussi. Même si les enquêtes sont rapides, on est pris en plein dedans et on participe aux côtés de Ragon, bien que l’on ne comprenne pas toujours tout, jusqu’à la fin. Et puis, j’ai vraiment eu l’impression de lire un journal, comme si quelqu’un avait écrit les enquêtes de Ragon et que nous lisions ces carnets. On ressent ça du fait qu’on a pas une masse de détails comme on pourrait en avoir dans un récit classique.
Autre point positif, c’est l’omniprésence de la littérature. Ragon se base énormément sur les lectures des victimes et des suspects pour élucider les crimes. Ainsi, on a beaucoup de références littéraires classiques, d’autant que dans le récit plusieurs de ces auteurs sont encore en vie, tel que Victor Hugo, Jules Verne, et d’autres encore. Je regrette juste que l’on n’ait pas, du coup, rencontré un ou deux auteurs lors des enquêtes.

En tout cas, j’ai passé un très bon moment en lisant ce roman, surtout vers la seconde partie qui prend une dimension nettement plus ésotérique et qui m’a passionnée. Je n’aurai pas dit non à un peu plus de matière, mais je me contenterai de cela, et je vous conseille sans souci cet ouvrage passionnant et peu commun.

Karine N.

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