Paris, 1872. On retrouve dans une ruelle sombre le cadavre atrocement
mutilé d'une prostituée, premier d'une longue série de meurtres aux
résonances ésotériques. Enquêteur atypique, à l'âme mutilée par son
passé et au corps d'obèse, l'inspecteur Ragon n'a pour seule arme contre
ces crimes que sa sagacité et sa gargantuesque culture littéraire. À
la croisée des feuilletons du XIXe et des séries télévisées modernes,
Feuillets de cuivre nous entraîne dans des Mystères de Paris steampunk
où le mal le dispute au pervers, avec parfois l'éclaircie d'un esprit
bienveillant... vite terni. Si une bibliothèque est une âme de cuir et
de papier, Feuillets de cuivre est sans aucun doute une œuvre d'encre et
de sang.
- Auteur : Fabien Clavel | Editeur : actuSF
- Genre : Science-Fiction | Langue : Français
- Date de parution : 05/11/2015 | Nombre de pages : 329
Clairement, c’est
pour l’objet livre que j’ai craqué pour cette édition hardback de Feuillets de cuivre (et j’ai bien fait
parce que la version poche sortie plus tard me plait nettement moins).
Donc, je n’avais
lu ni résumé, ni avis quelconque sur le net. Je me suis lancé dans l’inconnu en
attaquant ce roman, et j’en ressors plutôt satisfaite.
Soyez prévenus,
ce n’est pas un roman ultra linéaire. Alors oui, on suit le même inspecteur de
police, Ragon, mais chaque enquête se passe à des années différentes, parfois
avec une très grande ellipse entre les deux.
C’est le
principe de ce livre : on est face à des feuillets, des nouvelles, sortes
de feuilletons policiers avec chacun (ou presque) un début et une fin nette. En
gros, pour faire simple, c’est un recueil de nouvelles policière durant la
carrière de Ragon.
J’ai bien aimé
le concept de nouvelles, tel un carnet dans lequel on lirait les diverses
enquêtes étranges de Ragon. Cependant, elles sont assez courtes et du coup
elles sont vite élucidées. Certaines auraient pu gagner à être plus détaillées,
notamment lorsqu’on arrive aux nouvelles avec un personnage récurrent.
Tout cela se
passe à Paris, de 1872 à 1912, mais un Paris steampunk où d’étranges machines
font leur apparition et où la magie est une pratique de l’ombre. Le steampunk n’est
pas clairement mis en place, c’est plus suggéré, donc si vous n’êtes pas des
grands fans du genre ça ne devrait pas trop vous déranger ici.
Si Ragon a
conscience de l’existence du « paranormal », ce n’est pas le cas de
tous, et il est obligé de ruser ou de mentir pour conclure certaines enquêtes
sans que cet aspect ésotérique ne soit pas dévoilé à tout le monde. Son
supérieur, par exemple, refuse d’entendre parler de tout ça, bien qu’il soit au
courant.
On ressent donc
bien la frustration de Ragon lorsqu’il ne peut conclure l’enquête de façon
claire, ou qu’il ne peut pas arrêter le coupable sans révéler le mobile
ésotérique.
Ce qui fait le
charme de ce livre, c’est l’ambiance. On est parfaitement dans une atmosphère
glauque, sombre, sanglante, limite brumeuse aussi. Même si les enquêtes sont
rapides, on est pris en plein dedans et on participe aux côtés de Ragon, bien
que l’on ne comprenne pas toujours tout, jusqu’à la fin. Et puis, j’ai vraiment
eu l’impression de lire un journal, comme si quelqu’un avait écrit les enquêtes
de Ragon et que nous lisions ces carnets. On ressent ça du fait qu’on a pas une
masse de détails comme on pourrait en avoir dans un récit classique.
Autre point
positif, c’est l’omniprésence de la littérature. Ragon se base énormément sur
les lectures des victimes et des suspects pour élucider les crimes. Ainsi, on a
beaucoup de références littéraires classiques, d’autant que dans le récit
plusieurs de ces auteurs sont encore en vie, tel que Victor Hugo, Jules Verne,
et d’autres encore. Je regrette juste que l’on n’ait pas, du coup, rencontré un
ou deux auteurs lors des enquêtes.
En tout cas, j’ai
passé un très bon moment en lisant ce roman, surtout vers la seconde partie qui
prend une dimension nettement plus ésotérique et qui m’a passionnée. Je n’aurai
pas dit non à un peu plus de matière, mais je me contenterai de cela, et je
vous conseille sans souci cet ouvrage passionnant et peu commun.
Karine N.
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