samedi 19 janvier 2013

Fantômes : histoires troubles de Joe Hill

Fantômes : histoires troubles, de Joe Hill
CHALLENGE MYSTÈRE 2013 de Frogzine - thème janvier
 
Imogene est jeune et belle. Elle embrasse comme une star et connaît l'histoire du cinéma sur le bout des doigts. Elle est morte et attend Alec Sheldon, dans la salle de projection le Rosebud, un certain après-midi de 1945... Arthur Roth est un gosse solitaire qui a de grandes idées et le don de s'attirer des ennuis. Il n'est pas facile de se faire des amis quand on est le seul garçon en plastique gonflable de la ville... Francis est malheureux. Autrefois humain, c'est aujourd'hui une sauterelle géante de deux mètres cinquante, et quand ils l'entendront striduler, tous les habitants de Calliphora se mettront à trembler... John Finney est enfermé dans un sous-sol taché du sang des autres enfants martyrs qui l'y ont précédé. Dans ce sous-sol se trouve aussi un téléphone ancien modèle débranché depuis longtemps. Pourtant, la nuit, il se met à sonner... Qui est à l'appareil? Le passé n'est pas mort. Il est encore à venir... En deux livres et de nombreux prix, Joe Hill s'est très vite imposé comme un des grands maîtres du fantastique. Avec Fantômes, il a connu un beau succès aussi bien auprès des critiques que des lecteurs.
  • Auteur : Joe Hill     |     Editeur : JC Lattès
  • Genre : Fantastique/Nouvelles     |    Langue : français
  • Date de parution :     |     Nombre de page(s) : 354 

Je pressentais que ce recueil allait me plaire, de par son thème mais aussi sa couverture. Et je ne me suis pas trompée.

Globalement, c’est un recueil troublant, empli d’histoire qui, même si elles n’effraient pas toutes, perturbent clairement le lecteur et l’émeuvent. Les textes sont courts dans l’ensemble, mais néanmoins ils se suffisent à eux-mêmes, bien que pour certains on se prend à imaginer une suite. On est assez souvent dans le flou, on ne sait pas si les choses arrivent vraiment ou  non. Par exemple, on ne sait pas s’il y a vraiment des vampires dans Fils d’Abraham, ou si ce n’est que le père qui est fou. J’ai remarqué que les personnages que l’on suivait étaient tous des garçons, du moins les personnages principaux. Je me demande bien pourquoi. De plus, ce sont des personnages atypiques, reclus, pauvres, solitaires et j’en passe. Ce fait les éloigne du lecteur, qui ne peut donc pas vraiment s’identifier.

  •          Dernier cri :

On commence le recueil par une mise en abime. En effet, nous lisons une nouvelle que le personnage, Eddie Carroll, est lui-même en train de lire. Je trouve intéressant de commencer le recueil par une nouvelle qui parle d’un éditeur d’épouvante. Cela renforce l’effet miroir. Carroll est un éditeur qui publie des anthologies d’épouvantes. Mais il ne trouve plus de textes intéressants, jusqu’à cette nouvelle, Le Dernier cri. Dans celle-ci, on suit l’histoire d’une jeune femme enlevée, torturée, qui réussit à s’échapper mais semble culpabiliser d’avoir survécu. C’est un récit fort, pleins de thèmes très réels, et qui plait d’emblée à Carroll. Les choses se corsent lorsque Carroll souhaite retrouver l’auteur de ce texte. Ce dernier est vraisemblablement très difficile à trouver, et tout aussi effrayant que sa nouvelle. La fin est troublante, dans le sens où on ne sait pas ce qu’il advient d’Eddie. On ne peut que supposer et imaginer la suite par nous-même.

  •          La Belle au ciné hantant :

Ici, nous sommes face à l’histoire d’un cinéma hanté par une demoiselle fana de films, Imogene, et du vieux propriétaire, Alec, qui la connait depuis son enfance. Ce n’est pas un texte effrayant à proprement parler en fait. Je l’ai plutôt trouvé beau, faisant doucement monter l’intérêt et la fascination pour ce fantôme, et se terminant par une légère pointe de romantisme.

  •          Pop Art :

De nouveau, une histoire qui ne fait pas vraiment peur.  Pop Art est une histoire d’amitié entre un garçon normal, bien que solitaire, et Art, un garçon en plastique gonflable. J’avoue que pendant un moment je n’ai rien compris à cette histoire de plastique. Puis je me suis faite à cette notion. Après tout, c’est du fantastique, donc tout est possible. Au final, c’est une belle nouvelle, pleine d’amitié, mais aussi de tristesse. La tolérance est également présente, dans le fait qu’il ne faut pas juger quelqu’un à son apparence, à sa condition physique.

  •          Stridulations :

Stridulations est une étrange histoire où un garçon, Francis, est devenu un insecte géant à son réveil. Il est cependant dommage qu’on ne sache pas un minimum pourquoi, parce que du coup on est dans le flou complet. Si au départ Francis semble encore plus ou moins lucide, l’instinct de l’insecte prend peu à peu possession de lui, jusqu’au carnage final qui clôt le récit. Dans l’ensemble, c’est un récit assez flippant.

  •          Fils d’Abraham :

On suit cette fois Maximilien Van Helsing, ainsi que son petit frère, Rudolf. Leur nom de famille m’a, dès que je l’ai vu, soufflé le thème de la nouvelle. On a d’ailleurs aussi une référence à Jonathan Harker. Toutefois, on reste, comme pour les autres nouvelles, dans le flou concernant la véracité des choses. Le récit se termine brutalement (dans tous les sens du terme), après avoir fait monter la peur et la tension chez le lecteur.

  •          Mieux qu’à la maison :

Ici on suit Homer, fils d’un entraineur de base-ball qui vient de se faire, encore, expulser du terrain et ridiculiser en direct. C’est suite à ce match qu’Homer a regardé à la télé qu’on enchaine sur ses problèmes, essentiellement psychologiques et psychiques : il bave quand il est tendu, sans rien pouvoir y faire, divers sons, objets et odeurs l’insupportent, et il a plusieurs manies étranges. Je ne vais pas vous faire la liste complète, parce qu’il y en a beaucoup. Je n’ai pas très bien saisi le but de cette nouvelle, hormis le fait qu’Homer et son père se sentent mieux au stade que chez eux, et que son père est le seul qui comprend les soucis d’Homer.

  •          Le téléphone noir :

Dès le début de la nouvelle, Finney se fait enlever. Le téléphone noir est un huis clos sombre et troublant. On se demande ce qu’il va arriver à Finney, mais aussi pour quelle raison il a été enlevé. Le titre doit son nom au téléphone noir qui est dans la pièce où le garçon est enfermé, un téléphone fantôme en quelque sorte, duquel provient d’étranges appels.

  •          Dans la souricière :

Wyatt est dyslexique et bosse dans une boutique de location de films. Ce n’est pas l’entente cordiale avec sa collègue, et c’est à cause d’une menace qu’il se fait virer. C’est un homme qui se sent piégé depuis son adolescence, à courir pour rien comme dans une souricière. Il pense qu’il ne fait jamais rien de bien. L’histoire débute vraiment au moment où il rentre chez lui après avoir été viré. Il tombe sur une femme et son petit garçon égorgé, mais encore vivant. Il veut le sauver, réussir enfin quelque chose. Mais visiblement, ce n’est pas une tâche aisée.

  •          La cape :

Eric tombe d’un arbre dans lequel il s’était réfugié pour échapper à son frère, Nick. Il est sauvé par sa cape de super-héros, qui le fait flotter un moment dans les airs, jusqu’à l’instant où elle se détache. Il est de fait blessé assez gravement. Au fil des années qui passent, on voit que cet évènement a bouleversé sa vie, en plus des séquelles que cela lui a apporté. Il est sombre, taciturne et ne fait plus rien… et cela ne s’arrange pas quand il retrouve la cape et vole de nouveau. On croit pendant un moment qu’Eric n’est pas méchant dans le fond, jusqu’à la dernière page, qui est vraiment une chute pour cette nouvelle.

  •          Dernier souffle : 

Le Dr Alinger se charge de faire les visites d’un petit musée-funérarium bien étrange, plutôt glauque et peu connu à une famille. Dès le départ, on se sent comme piégés. Entrés par curiosité, la famille ne peut plus reculer et se retrouve entrainée dans la visite. Le point étrange de ce récit, c’est la collection du docteur : des bocaux par centaines qui contiennent des derniers souffles, que l’on peut entendre grâce à un système de son invention. J’ai bien aimé cette idée de recueillement des derniers soupirs. C’est une nouvelle perturbante, effet qui est renforcé par l’atmosphère sombre et par l’atypique Dr Alinger. D’autant que la fin fait tout de même froid dans le dos.

  •          Bois mort :

Cette nouvelle-ci ne fait qu’une page, ce qui est assez surprenant, d’autant que l’histoire se suffit largement de cette longueur. Le narrateur est inconnu, mais cela n’a pas d’incidence sur le récit. Au contraire, il explique ce que sont les bois-fantômes, qui reviendraient hanter les lieux où ils ont été coupés. La chute en revient au narrateur, qui a lui aussi coupé un vieil arbre chez lui, et qui visiblement serait hanté.

  •          Un petit-déjeuner :

Killian, un vagabond, voyage sans destination précise depuis la mort de son compagnon de route. C’est lorsqu’il arrive devant une maison, à sa descente de train, qu’il demande un petit déjeuner à la femme qui habite là. Le côté étrange se trouve dans les trois filles de la veuve, qui jouent à un bien drôle de jeu, et proposent à Killian d’y participer.

  •          Bobby Conroy revient d’entre les morts :

Rien de vraiment paranormal dans cette histoire. Bobby est figurant pour un film de zombies de George Romero (et joue bien évidemment un zombie, comme toutes les personnes présentes). Il retrouve sur le tournage Harriet, une ancienne copine. Ils réapprennent à se connaitre tout au long du tournage, et la fin nous laisse dans le flou quant à ce qu’ils vont devenir. Cette nouvelle, sert  en quelque sorte à nous montrer l’envers du décor de l’épouvante.

  •          Le masque de papa :

Même si je n’ai pas vraiment tout compris dans cette nouvelle, notamment concernant l’aspect fantastique qui est présent, j’ai tout de même bien apprécié cette dimension. Au départ, on suit Jack et ses parents qui vont passer la nuit dans un chalet près d’un lac. Là où le mystère s’installe, c’est quand les masques entrent en scène. A partir de là, il est assez compliqué de discerner le vrai du faux, et de comprendre le fin mot de l’histoire.

  •          Escamotage :

Pour ce dernier texte, plus long que les autres, Nolan écrit une lettre qu’il ne destine à personne dans laquelle il relate la disparition de son ami Eddie, ainsi que de son frère Morris, faits qui se sont produit dans son adolescence. On sent très vite que ce personnage a quelque chose à cacher, et ça se confirme par la suite. Pendant la lecture, on se perd dans les méandres de l’histoire, tout comme dans les étranges constructions grandeur nature en cartons de Morris.

Karine N.

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