La Passe-miroir tome 1 : les fiancés de l'hiver de Christelle Dabos

La Passe-miroir tome 1 : les fiancés de l'hiver, de Christelle Dabos

Sous son écharpe élimée et ses lunettes de myope, Ophélie cache des dons singuliers : elle peut lire le passé des objets et traverser les miroirs. Elle vit paisiblement sur l'Arche d'Anima quand on la fiance à Thorn, du puissant clan des Dragons. La jeune fille doit quitter sa famille et le suivre à la Citacielle, capitale flottante du Pôle. À quelle fin a-t-elle été choisie ? Pourquoi doit-elle dissimuler sa véritable identité ? Sans le savoir, Ophélie devient le jouet d'un complot mortel.

• Auteur : Christelle Dabos     |     Editeur : Gallimard Jeunesse
• Genre : Fantasy/Jeunesse     |    Langue : français
• Date de parution : 05/06/2013     |     Nombre de page(s) : 528

Ce roman m’intriguait pas mal, mais je n’avais pas encore craqué dessus. Je l’ai finalement acheté d’occasion et je l’ai enfin lu. Finalement, ce fut une bonne lecture, intrigante et passionnante.

Obligée d'accepter un mariage arrangé, Ophélie, adolescente renfermée et solitaire, ne sait plus quoi faire. Son futur mari vient d'une autre arche, et elle va devoir partir loin de sa famille. Elle n'a pas le choix, sinon elle sera bannie d'Anima, son arche. Mais elle comprend bien vite qu’elle n’a pas été choisie par hasard, et qu’elle vient de tomber dans un univers de complots et de manipulations en tout genre. Elle va devoir être prudente, et laisser son caractère s’affirmer pour rester elle-même.

Le récit est découpé en deux grandes parties distinctes. La première nous fait connaitre Ophélie et les personnages récurrents de l'histoire. On suit la jeune fille et sa tante dans leur arrivée au manoir de Berenilde à Citacielle, et l’acclimatation difficile à ce nouveau monde. Dans la deuxième partie, Ophélie, sa tante et Berenilde doivent déménager dans la demeure d'Archibald. Il faut alors qu'elle soit encore plus prudente car le danger est vraiment partout, même là où l’on ne s’y attend pas.

On est un peu perdus au début, cet univers est flou et ne nous est pas vraiment expliqué. Fort heureusement, on ne reste le pas bien longtemps, la plume fluide et précise de l’auteur nous emportant aisément dans son univers magique et très particulier.

Le monde a été fractionné lors de la Déchirure, et existe maintenant sous forme de diverses arches, bouts de terre flottants autour du Noyau du Monde, seul vestige de la Terre. Chaque arche est dirigée par un esprit de famille, grand seigneur existant depuis la Déchirure et ancêtre d'une grande partie du peuple de l'arche qu'il gère. Le monde est empli de magie, chaque objet, maison, etc. est vivant, et certaines personnes (quasiment toutes en fait) ont même des dons. Ophélie elle possède le don de "lire" les objets, leur histoire, mais aussi le don de traverser les miroirs.

Sur Anima, tout le monde ou presque fait partie d’une même grande famille, et tout le monde est égal. La bonne entente est de rigueur, et il n’y a que les Doyennes et l’esprit de famille, Artémis, qui sont au-dessus des autres. Artémis gère son arche à sa façon, calmement, et les Doyennes sont celles qui donnent les ordres, tel celui à Ophélie d’épouser Thorn.

Pôle, à l’inverse, est une arche glacée, recouverte de neige et peuplée d'animaux géants. Elle est survolée par la Citacielle, grande cité volante où le peuple vit. A Citacielle, tout paraît superbe, mais tout est également illusion, des illusions créées par le clan Mirage. L’esprit de famille, Farouk, est très différent d’Artémis. Il est exigeant, colérique est compliqué. La hiérarchie est stricte, et tous s’assassine à tour de bras pour gagner en autorité ou en renommé, par vengeance ou non, peu importe.

Le « peuple » y est divisé en plusieurs grands clans, chacun possédant son propre pouvoir : Les Dragons peuvent infliger de la douleur par la pensée, les Mirages excellent dans l'art des illusions, et La Toile ont un puissant esprit, un esprit collectif en plus du leur. Il semblerait également que d'autres clans subsistent, mais sont considérés comme éteints. Eux aussi avaient leur propre don.

J’aurais toutefois aimé en savoir plus sur les arches, sur les clans, etc., mais malheureusement ce n’est pas vraiment détaillé. J’espère que ce sera le cas dans le tome suivant par contre, afin de pouvoir mieux comprendre ce monde.

Si Ophélie n'aime pas cette idée de mariage mais n'a pas le choix, son futur mari, Thorn, ne semble pas plus heureux non plus. Ophélie espère que son physique quelconque le fera fuir, mais contrairement à ce qu’elle imaginait, c'est un géant bourru, froid, qui ne parle quasiment pas et se fiche royalement d'Ophélie. Il la fait d'ailleurs passer pour une servante de sa tante quand ils arrivent à l'arche du Pôle (Ophélie étant accompagnée de sa tante Roseline), sans leur expliquer pourquoi. Tout cela doit durer un an, la tradition d’Anima stipulant que c’est le temps qu’il doit y avoir entre les fiançailles et le mariage. Mais ce délai semble poser problème à Thorn et Berenilde. Ophélie se retrouve dans une position peu confortable, coincée dans les intrigues de la cour. Thorn fait partie du clan des Dragons, ennemis du clan Mirage. Entre les deux se trouve le clan de La Toile, pas vraiment neutre, féru de politique et d'intrigues. Personne ne voit d'un bon œil son mariage avec Thorn, surintendant de Farouk, l'esprit de famille. Il est haut placé mais également bâtard, personne ne l'aime et il n'aime personne. De fait, Ophélie est en danger, on pourrait vouloir la tuer, la ravir à Thorn ou autre désagrément de ce genre.

En plus de Berenilde, la tante de Thorn, et de sa grand-mère, Ophélie rencontre d’autres membres de la famille de son futur époux, des gens qui ne souhaitent pas que « ce bâtard » se marie, ainsi qu'Archibald, un ambassadeur membre du troisième clan qui voudrait séduire et déflorer la future femme de Thorn, et d’autres personnages plus ou moins dignes de confiance. Mais le trait principal des habitants du Pôle est que l’on ne peut pas leur faire entièrement confiance. Tous sont plongés dans les manigances, et Ophélie se sent complètement perdue, étant trop naïve pour voir qui est vrai et qui est faux. L’idée que nous nous faisons de chaque personnage évolue au fur et à mesure, en bien ou en mal d’ailleurs.

Au fil des pages, on voit la jeune fille gagner en assurance. Elle qui au départ était renfermée et se laisser mener sans rien dire fini par ne pas hésiter à dire ce qu’elle pense. A Pôle, c’est la loi du plus fort, et elle n’a pas le choix. Elle doit arrêter de se cacher, de murmurer, et s’affirmer haut et fort. A la fin du tome, elle l’a bien compris, et n’hésitera plus, tout en continuant malgré tout à suivre ses idéaux, bien résolue à ne pas changer sa façon d’être et de penser.

On remarque également que Thorn fait peu à peu des efforts pour surmonter son caractère peu bavard et parler un peu à Ophélie. Il faut qu'ils s'apprivoisent tous les deux, et que la demoiselle apprenne à se comporter comme une dame de la haute société. Mais tous les deux, et surtout lui, cachent encore des secrets, et l’attachement est bien difficile à se faire entre eux.

L’atmosphère du roman est spéciale, nous emportant avec facilité dans un dédale tortueux et mystérieux aux côtés d’Ophélie. On se pose beaucoup de questions, on ne comprend pas tout, mais on poursuit notre lecture justement pour avoir des réponses. On veut savoir ce qu’il va advenir. Par contre, j’aurais aimé que les émotions du texte me prennent plus aux tripes. Certes elles sont là, mais pas assez… intenses à mon goût. J’aime être prise à la gorge par tout ce qu’il se passe dans un texte. Et j’aurais beaucoup aimé qu’il y ait plus de tension, notamment concernant les dangers que court Ophélie dans sa nouvelle vie.

Mais dans l’ensemble, ça reste une très agréable lecture, il n’y a rien à redire, et je conseille ce roman si vous aimez les récits fantastiques et étranges.

L'histoire se complique au fil des pages et devient de plus en plus passionnante, si bien qu'à la fin on regrette de ne pas avoir la suite à lire, suite sur laquelle je me jetterais lorsqu’elle sortira.

Karine N.